L’idée de départ était de réaliser toutes les figures d’un échiquier. Et très vite, l’envie a changé. David Negri, ou Skunkdog de son nom d’artiste, ne prend au sérieux que l’instant présent. Peu de plans sur la comète, ni de plans de carrière. Le mot qui revient d’ailleurs le plus, dans sa bouche comme sur ses œuvres, est «now».
Un penchant, comme une seconde peau, pour ce qui se passe ici et maintenant. Bercé depuis son plus jeune âge par la musique et la peinture, il n’a jamais cessé d’apprendre, de lire, de courir les musées et les expositions, aiguisant ainsi son œil, sa main et son esprit.
Repéré par un peintre de village, son parcours est aussi atypique qu’il ne l’est lui-même. Un premier pied à l’étrier avant de partir seul frapper aux portes pour vendre ses toiles.
L’homme est indépendant, limite sauvage, et le revendique : «Je dis souvent que si j’étais en prison avec un feutre et du papier, je serais plus libre, que dehors sans moyens de peindre». Pour autant, quand le coup de pouce est venu des galeries, il avoue en tirer profit car elles permettent d’aller plus loin et plus haut, et offrent une sorte de stabilité. Un retour de critiques aussi? «Je ne pense pas que les artistes soient capables d’entendre la critique, avoue Negri.
Même si ses œuvres sont vandalisées de mots, de phrases, de stickers, de morceaux d’affiches décollées des murs des villes, il ne s’agit pas pour lui de dénoncer que «la guerre c’est mal». Chacun doit trouver ses propres réponses. «Être peintre, c’est témoigner de son temps et de son époque, et peut-être anticiper celle qui va arriver». Faire changer l’opinion publique n’est donc pas son ambition, ni son rôle.
Hôte régulier de Jardin Rouge, soutenu par la Fondation Montresso, Skunkdog présente, jusqu’en mars prochain, son travail de fin de résidence. Des dessins, aux traits blancs sur fond noir, l’essence même de ses œuvres. Des toiles et bas-reliefs, si chargés de mots et de réflexions qu’ils se lisent autant qu’ils se regardent, et les fameux totems d’un échiquier, qui au final n’en est plus un, déclinés ici avec CCCP (can’t crush crazy people), qu’il réalise avec son complice et ami de longue date, Tim, un maître du bricolage.